Centre de traumatologie Belgique

 

Tous les cœurs dans les vitrines des magasins, la publicité rose-rouge pour aimer et honorer l'amour, me ramènent à mon expérience avec M. S.

M. S. avait demandé l'euthanasie, qui a également été déclarée accessible. Soucieux de son état émotionnel, j'ai été convoqué en tant que psychotraumatologue pour m'entretenir avec lui. Il s'est avéré que M. S. avait connu beaucoup de souffrances, depuis son enfance jusqu'à aujourd'hui. Ces événements n'avaient pas encore trouvé leur traitement. En raison de sa souffrance, il avait développé une faible capacité à supporter cette souffrance. Lui et ses proches qui la connaissaient n'en parlaient jamais. Son cœur était tellement chargé de peur, de douleur, de colère et de culpabilité que mourir était la seule option qui lui restait à l'esprit. Je me suis demandé si l'on pouvait mourir dans la dignité avec un cœur accablé. La mort est-elle l'issue, si l'on n'a pas essayé de rendre la souffrance supportable par amour ? Ensemble, nous avons entrepris de décharger et de supporter la douleur. Exprimer ce qui n'est pas encore dit et lui donner ainsi une place. Retrouver un sens à la vie et y participer. Mais nous n'avons pas eu le temps de guérir son cœur fragile. La date de son euthanasie était fixée. Il est mort en tenant dans ses mains un cœur d'amour rose-rouge infusé.

Nous sommes nés pour aimer et être aimés. Nous nous aimons parce que, dans cet amour, nous sommes "vus" par l'autre et nous "voyons" également l'autre. Bien que cet amour soit important pour tout le monde, j'ai remarqué que M. S. en avait très peu fait l'expérience. Il n'a pas été compris et (h)reconnu dans l'amour. Il ne connaissait pas la joie qui en découle. Cela a sans doute fortement influencé son évaluation de sa propre existence.

Pour aimer, il faut aussi s'aimer soi-même. L'amour de soi donne la force de faire face aux défis quotidiens et de respecter son corps, ses émotions et ses désirs. Il vous permet de laisser tomber le masque de la toute-puissance et de la perfection en développant la tendresse et la compassion pour toutes sortes d'expériences telles que la douleur et le chagrin. M. S. n'a jamais connu cela. Alors comment a-t-il pu apprendre à supporter sa souffrance ? Sans doute s'est-il senti seul pendant tout ce temps, mal aimé et incompris des autres et de lui-même.

Lorsque les clients me découragent, je pense à une citation de Nelson Mandela : "J'ai appris que le courage n'est pas l'absence de peur, mais le fait de la surmonter". D'ailleurs, saviez-vous que le mot anglais "courage" vient du mot français "cœur" ? Il faut du courage pour reconnaître et accepter la souffrance des autres et la nôtre. Il faut du courage pour offrir des opportunités de permettre et d'intégrer la souffrance. Un cœur aimant est la réponse courageuse à la souffrance. Le cœur aimant est l'allié et le guide sur le chemin de la vie. Parce qu'à partir de l'amour, la mort ne peut être la réponse.

 

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